2012 m’a amenée sur des lieux assez étonnants, à force d’opportunités que je n’ai même pas forcées, or moi certains lieux m’interpellent, me parlent, provoquent des rencontres et des questionnements que je ne traverserais pas de ma propre initiative.
En juin, j’ai dîné sur la terrasse des musées du Vatican dans le cadre d’un congrès, après deux heures de visite flamboyante des plus beaux trésors de multiples civilisations que ces incroyables musées renferment. Cela m’a amenée à y discuter de l’inexorable maturation des marchés de l’électronique grand public avec des cadres de compagnies dont les noms trônaient fièrement dans nos salons et sacs à mains il y a encore quelques années, Sony, Nokia, Philips… Mais Apple n’était pas là, ils ont mieux à faire sans doute… Samsung non plus, d’ailleurs! Après la transition du numérique qui a marqué le début de ma carrière d’ingénieur dans les télécommunications, sorte de micro-civilisation dans laquelle j’ai tant évolué pendant 15 ans, que nous reste-t-il à développer? plus de connectivité encore, plus de convivialité encore? des interfaces plus naturelles, « smoothless », entre les mondes virtuels où nous nous évadons chaque jour un peu plus et la réalité dans laquelle nous évoluons encore physiquement… objets connectés, réalité augmentée, interfaces sensorielles… Et bien sûr, le défi de consommer moins de pétrole, mais plus de biens et services, pour continuer de faire croître notre sacro-saint PIB… Difficile de sortir de ce paradigme! et pourtant, en avons-nous encore le choix?
Mais il faut y croire, l’après PIB sera peut-être défini en 2015. L’OCDE y travaille, sérieusement, comme j’ai pu le mesurer moi-même au congrès de New Delhi en octobre. Depuis, je continue de participer aux échanges d’idées de « hubs », petits réseaux de travail sur les nouvelles mesures du progrès et du bien-être, de l’Océanie à la Californie en passant par Londres, Paris et la Finlande. Gouttes d’eau dans l’océan des évolutions socio-économiques que nous devons collectivement concevoir et expérimenter… Hélas, l’ironie spontanée des réseaux sociaux nous rappelle ces jours-ci à la sombre réalité du progrès encore nécessaire sur des sujets aussi essentiels que la sécurité, et le respect aux femmes: le hashtag #delhi2012 si peu utilisé par les technocrates statisticiens de la conférence s’affiche depuis quelques jours sur le site oecdindia.in comme un vif rappel de l’actualité en Inde…
Reste que moi j’habite en Europe, ou presque, et que j’ai beaucoup voyagé et travaillé en Allemagne cette année. Berlin, Erfurt, Weimar, Ulm, puis les feux d’artifice du Nouvel An dans la Rhur, des milliers de km en voiture, en train et en avion, j’ai arpenté et dormi dans des lieux d’histoire où s’entrecroisent 2 siècles de développement industriel, encore souvent lourd même aujourd’hui, et surtout les deux monstres idéologiques du 20ème siècle, nazisme et communisme. Maintenant qu’Eazyjet connecte massivement les 4 coins de l’Europe, au point d’avoir encore causé la fermeture de deux lignes de trains de nuit fin 2012, comment expliquer à mes filles la peur que le mur de Berlin symbolisait pour mes parents dans les années 70? je me souviens que ma mère gardait le livre de russe pour débutants dans lequel elle avait un peu étudié au lycée dans les années 50, « au cas où l’URSS nous envahirait »… alors que moi j’étais hantée à l’époque par l’histoire de la famille est-allemande évadée en ballon au-dessus des barbelés en 1979.
Je me suis donc posé beaucoup de questions en 2012, plus que je n’ai trouvé de réponses, et c’est pourquoi je n’ai pas beaucoup publié de notes, en particulier ces derniers mois. Mais je poursuis mes recherches, et je ne manquerai pas de partager mes trouvailles…
Très bonne année 2013 à tous!